Maurice Wyckaert, la nature en fusion
Plonger le regard dans une toile de Maurice Wyckaert (1923-1996), c'est faire l'expérience d'une immersion sensorielle intense. La couleur explose, la matière s'épaissit en reliefs luxuriants, les formes tourbillonnent dans une danse effrénée qui semble capturer l'énergie brute de la nature elle-même. Loin d'une abstraction froide et calculée, la peinture de Wyckaert est une célébration de la vie, une traduction passionnée des forces élémentaires qui animent un paysage, un jardin ou le passage des saisons. Cet artiste bruxellois, figure marquante de l'après-guerre en Belgique, a su créer un langage pictural unique, vibrant d'une expressivité qui lui est propre.
Aux frontières de CoBrA, l'émergence d'une voix singulière
Bien que Maurice Wyckaert n'ait pas été membre officiel du groupe CoBrA pendant sa brève existence (1948-1951), son œuvre dialogue incontestablement avec l'esprit de ce mouvement révolutionnaire. Il en partageait la spontanéité, le rejet de l'académisme, l'intérêt pour l'art brut et enfantin, et surtout une approche libérée de la couleur et de la forme. Il entretenait d'ailleurs des liens d'amitié avec plusieurs de ses protagonistes majeurs, comme Pierre Alechinsky ou Corneille. On peut voir dans ses œuvres de jeunesse et du début des années 1950 des échos de cette figuration expressive et colorée, de cet imaginaire fantasmagorique propre à CoBrA.
Cependant, Wyckaert ne s'est jamais laissé enfermer dans une simple filiation. Rapidement, il trace sa propre voie, s'éloignant de la figuration explicite pour développer une abstraction de plus en plus affirmée. Tout en conservant l'énergie et la liberté chromatique héritées de CoBrA, il oriente sa recherche vers une interprétation personnelle du monde naturel, fondant ainsi les bases de ce qui deviendra sa signature artistique : un paysagisme abstrait bouillonnant de vie.
Le Paysagisme Abstrait : sentir la nature plutôt que la décrire
Le terme qui qualifie le mieux l'œuvre de maturité de Maurice Wyckaert est sans doute celui de "paysagisme abstrait". Il ne s'agit pas pour lui de représenter fidèlement un paysage identifiable, mais bien d'en capturer l'essence, les sensations, le rythme interne. Ses toiles deviennent des équivalents plastiques de l'expérience vécue face à la nature, en particulier celle des paysages flamands, de ses jardins foisonnants ou des cycles saisonniers qui le fascinaient.
Dans des œuvres aux titres évocateurs comme "Jardin houleux", "Le Temps des Ronces", "Terre de labour" ou "Verger en colère", Wyckaert traduit la densité d'un sous-bois, l'enchevêtrement de la végétation, la lumière changeante d'une saison, le bouillonnement de la terre au printemps. Les formes s'organisent en masses dynamiques, les lignes courbes et les spirales suggèrent la croissance, le mouvement, parfois même une certaine violence tellurique. Sa peinture n'est pas une fenêtre ouverte sur un paysage ; elle est le paysage lui-même, transposé en pure matière picturale, en énergie colorée.
Prenons par exemple "Jardin Houleux", une œuvre caractéristique des années 60. Le titre même suggère une nature agitée, presque tumultueuse. Sur la toile, des masses de couleurs vibrantes – des verts profonds, des jaunes solaires, des touches de rouge et de bleu – s'entrechoquent et fusionnent dans un tourbillonnement de matière épaisse. Les coups de pinceau sont visibles, énergiques, sculptant presque la peinture. Il n'y a pas de lignes claires définissant des objets précis, mais une impression générale de foisonnement végétal, de croissance désordonnée et puissante, comme un jardin laissé à sa propre vitalité sauvage et balayé par le vent. C'est l'énergie du jardin, plus que son apparence, qui est capturée.
Une œuvre comme "Le Temps des Ronces", probablement peinte plus tard, illustre une autre facette de ce dialogue avec la nature. Ici, la palette peut se faire plus sombre, peut-être plus automnale ou hivernale. Les formes, toujours abstraites, pourraient évoquer l'entrelacement dense et piquant des ronces, avec des lignes plus acérées griffant la surface épaisse de la peinture. Des couleurs terreuses, des ocres, des bruns peuvent dominer, ponctués peut-être de notes plus vives comme un dernier éclat de vie avant le repos hivernal. La matière reste présente, riche, mais l'atmosphère est différente, plus intériorisée, traduisant la rudesse ou la mélancolie d'une saison particulière, toujours à travers le langage expressif de la couleur et de la texture.
L'alchimie flamboyante de la matière et de la couleur
La force expressive de la peinture de Wyckaert repose sur une maîtrise exceptionnelle de la matière et de la couleur. Il travaille la peinture à l'huile en couches épaisses, généreuses, n'hésitant pas à laisser visible la trace du pinceau, de la brosse ou même de la spatule. La matière picturale acquiert ainsi une présence physique intense, une texture riche qui accroche la lumière et renforce l'impact sensoriel de l'œuvre. Cette épaisseur n'est jamais gratuite ; elle participe à la construction de l'espace, suggère la densité terrestre, la luxuriance végétale.
Quant à la couleur, elle est chez Wyckaert un langage à part entière. Il utilise des palettes audacieuses, souvent basées sur des contrastes forts entre tons chauds et froids, clairs et sombres. Les rouges flamboyants côtoient des verts profonds, les jaunes éclatants se heurtent à des bleus intenses, créant une vibration chromatique intense. Loin d'être simplement décorative, la couleur est structurante et émotionnelle. Elle véhicule l'énergie, traduit l'atmosphère, exprime la vitalité essentielle qu'il perçoit dans le monde naturel. Sa peinture est une véritable alchimie où la matière et la couleur fusionnent pour créer une expérience visuelle et quasi tactile.
Une vie ancrée dans la peinture bruxelloise
Né à Bruxelles en 1923, Maurice Wyckaert restera profondément attaché à sa ville natale tout au long de sa vie, même si ses voyages et ses expositions l'emmèneront à travers l'Europe. Après des études artistiques, il s'immerge dans le bouillonnement créatif de l'après-guerre, se liant aux artistes de CoBrA et participant activement à la scène artistique belge. Il expose régulièrement, tant en Belgique qu'à l'étranger, affirmant progressivement sa place comme l'une des voix majeures de l'abstraction lyrique et du paysagisme abstrait dans son pays.
Son atelier devient le creuset d'une œuvre considérable, développée avec constance et passion jusqu'à sa disparition en 1996. Reconnu par les institutions (ses œuvres sont présentes dans de nombreux musées belges) et apprécié des collectionneurs, Wyckaert incarne une figure importante de la peinture belge de la seconde moitié du XXe siècle, un artiste qui a su, à la suite de l'expressionnisme flamand et en dialogue avec les courants internationaux comme l'abstraction lyrique, forger un langage pictural puissant et authentique, profondément enraciné dans son expérience du monde.
La vibration Wyckaert sur le marché de l'art
L'œuvre de Maurice Wyckaert continue de rayonner aujourd'hui par sa vitalité et son expressivité chromatique. Ses peintures, en particulier celles des années 1960 aux années 1980 où son style atteint sa pleine maturité, sont particulièrement recherchées par les amateurs d'art et les collectionneurs pour leur énergie communicative et leur qualité picturale. Elles témoignent d'une vision unique de la nature, traduite avec une générosité et une force peu communes, faisant de lui un peintre belge incontournable de sa génération. Pour une expertise ou une estimation de ses œuvres, n'hésitez pas à contacter Antic Arts.
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